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SP#23 – Derrière la Porte, de Sarah Waters

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Angleterre, 1922. La guerre a laissé un monde sans hommes. Frances, vingt-six ans, promise à un avenir de vieille fille revêche, habite une grande maison dans une banlieue paisible de Londres avec sa mère. Pour payer leurs dettes, elles doivent sous-louer un étage. L’arrivée de Lilian et de Leonard Barber, tout juste mariés, va bousculer leurs habitudes mais aussi leur sens des convenances. Frances découvre, inquiète et fascinée, le mode de vie des nouveaux arrivants : rires, éclats de voix, musique du gramophone fusent à tous les étages. Une relation inattendue entre Frances et Lilian va bouleverser l’harmonie qui régnait dans la maison…

Sarah Waters revisite les codes du roman de classe cher à la tradition britannique et dépeint un Londres en pleine tourmente dans un mélodrame sensuel et envoûtant.

Ah lui ! J’avais hâte de vous en parler ! Quand j’ai reçu Derrière la Porte de Sarah Waters, je vous avoue que j’ai eu un peu des sueurs froides en découvrant l’épaisseur du roman. 700 pages ! Une vraie Bible ! Le résumé était intrigant mais j’ai soudain eu peur. Si le livre n’était pas vraiment à mon goût je risquais d’y passer beaucoup trop de temps, de lutter pour le lire… et de ne jamais le voir se finir.

Eh bien laissez-moi vous dire que je me réjouis au plus haut point de m’être laissée tenter par cette lecture ! Ce roman s’est révélé être une excellente surprise et je serais bien tentée de le qualifier de coup de cœur.

J’ai tout de suite été emportée par la très belle plume de Sarah Waters, sa façon de décrire une vie de femme d’intérieur, son quotidien, ses détails, sans vraiment rien raconter de passionnant en soi mais tout en vous entraînant malgré vous. D’ailleurs, toute à ma surprise de me laisser prendre par l’histoire si facilement, je n’ai pas pu m’empêcher de penser à Jane Austen, peut-être dans l’éloquence de l’auteure et surtout dans sa façon de donner de l’importance à ces détails justement, de mettre en relief des éléments qu’on penserait a priori sans aucun intérêt et qui pourtant mettent déjà en place l’histoire et son atmosphère. Et puisqu’on parle de l’atmosphère, celle-ci m’a complètement absorbée dès le départ, pour mon plus grand plaisir. Je ne résiste pas aux atmosphères bien construites ! Une atmosphère d’abord un peu morne, nostalgique de l’avant-guerre, résignée puis de plus en plus étouffante, dans un crescendo de tension et d’électricité parfaitement mené jusqu’à son apogée, vers le milieu du roman, où l’impensable se produit. A partir de ce moment, le roman verse sans transition dans une autre partie, une autre atmosphère, bien plus sombre, angoissée et angoissante. Jusqu’au dénouement final… J’avais peur de ce dénouement, j’avais imaginé des choses, essayé de me préparer au pire, au dénouement qui m’aurait déçue… car ça ne pouvait finir qu’ainsi, non ? Eh bien non, j’ai été à la fois surprise et ravie de ce dénouement, même si ce n’est pas un dénouement tout rose, évidemment. De tout façon, rien n’est vraiment rose dans ce roman, dans ce monde d’après-guerre qui panse encore ses blessures.

D’autre part, pour ce qui est de l’histoire des deux jeunes femmes, je craignais avant de commencer ma lecture que cette histoire d’amour ne me mette mal à l’aise, qu’elle prenne trop d’importance, qu’elle vire un peu à l’histoire de sexe mais pas du tout ! Elle a effectivement une importance capitale dans le roman – car bien sûr tout part de là et ensuite tout repose dessus – mais ce n’est ni vulgaire, ni gênant. En fait c’est parfaitement maîtrisé, de bout en bout. Et j’ai adoré suivre cette histoire à travers le personnage de Frances, qui est une femme bien spéciale, pas seulement à cause de son orientation sexuelle complètement taboue à l’époque, mais pour son intelligence, son courage, ses sacrifices, sa dévotion et sa droiture morale, même si ce dernier élément est assez ironique au vu de l’histoire. En tant que lecteur, on ne peut que la comprendre et la soutenir tout le long, malgré… eh bien malgré tout.

Breeef, vous l’aurez compris j’ai adoré cette lecture que je vais définitivement qualifier de coup de cœur. L’atmosphère, assez sombre et lourde mais parfaitement réussie (je crois que l’atmosphère d’un roman est essentielle dans mes coups de cœur), les personnages bien travaillés et toujours plus complexes qu’on ne le pense, le style fluide et élégant à la Jane Austen, la maîtrise parfaite de tous ces éléments qui forment un tout : un superbe roman ! Je n’ai plus qu’une envie – découvrir les autres romans de Sarah Waters !

Un grand merci aux éditions Denoël pour ce coup de

Je rajoute ce livre au 2015 Reading Challenge de Popsugar dans la catégorie suivante:

✔ A book with more than 500 pages
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17 commentaires sur “SP#23 – Derrière la Porte, de Sarah Waters

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